FNADE Actualités

n°144 - 14 Août 2018

REPERES

Bruno DUMONTET, fondateur d'Expédition MED

Une fois le déchet en mer, il est (presque) trop tard

Il s'agit d'expliquer le problème des déchets plastiques abandonnés en mer chaque année (entre 8 et 20 millions de tonnes de déchets)

Le collectif Expédition MED* estime qu’à défaut de pouvoir nettoyer la mer, il faut stopper l’hémorragie de versement de déchets.

Expédition MED organise chaque été des prélèvements de déchets, principalement en Méditerranée et récupère parfois autant de déchets plastiques et micro-plastiques que de plancton.

Plus de 80 % des déchets plastiques en mer proviennent des activités terrestres, les 20 % restant des activités maritimes. Une fois que le déchet plastique est en mer, il est quasiment trop tard pour le récupérer.

* Créé en 2009, le collectif Expédition Med (www.expeditionmed.eu/fr/) travaille au diagnostic en matière de déchets plastiques, mais également à l’information et à la sensibilisation du grand public.

Le déchet plastique en mer, un déchet quasiment irrécupérable… (Source : Expédition Med)

Les particules de micro-plastiques (d’une taille de 5 mm au micromètre) représentent 90 % des plastiques flottant.

En 2010, les pêcheurs de Méditerranée trouvaient dans leurs filets environ 60 % de poissons pour 40 % de déchets : depuis le ratio est peut-être de 50/50.*

L’ensemble de ces déchets provoque un véritable écocide : chaque année, un million d’oiseaux de mer et 100 000 mammifères marins en meurent.

*Sur la situation en Méditerranée, cf. le rapport du WWF, Mer Méditerranée en danger, juin 2018 : www.wwf.fr/mediterranee-pollution-plastique

Quand la mer se « polymérise »

Le micro-plastique présente un fort impact sur les organismes filtreurs (moules, huîtres), en perturbant leur croissance et en étant source de maladies. Un consommateur européen de coquillages ingère 11 000 particules de plastique par an, ce qui pose des questions sanitaires étant donné la présence de polluants dans le plastique.

En 2017, Expédition MED a lancé un programme de recherche sur la constitution d’un nouvel écosystème la plastisphère, « un nouveau récif microbien ». L’objectif ? Etudier le caractère nocif et pathogène de la prolifération des microbes et bactéries issus des déchets plastiques.

Quelles solutions pour stopper l’hémorragie ?

La consolidation du cadre juridique est une première étape pour avancer dans la réduction des déchets plastiques. La sensibilisation des citoyens est également un moyen indispensable pour réduire les déchets : les chercheurs et les associations sont pour cela de bons relais.

Pour une large part des objets retrouvés en mer*, des solutions de recyclage existent.

Il faut informer et sensibiliser les citoyens, les politiques, les collectivités, les industriels.

* Les mégots de cigarettes, les objets en plastique (dont les sacs), les fragments de polystyrène, les cotons-tiges, les bouchons de bouteille, les morceaux de verre, figurent parmi les déchets les plus fréquemment retrouvés en mer…

Une exposition Océans plastifiés pour montrer que ce sont vraiment nos déchets du quotidien que l’on retrouve en mer. Et interpeller sur les impacts sur la biodiversité. (Source : Expédition MED)